Parler de poésie, c'est parler d'absence. De la plus belle des absences. De cette absence que l'on a sublimée pour lui donner le plus improbable des sens. C'est dire qu'il y a une réalité, là, sur le papier, qui n'existe nulle part ailleurs. Et qui fait défaut lorsqu'elle disparaît. C'est dire que l'on aimerait vivre dans le monde surréaliste de Reine et de Markowèfe. Que l'on voudrait confier ses secrets aux plantes, et les arracher d'une main forte si elles devaient nous trahir. Que l'on voudrait utiliser le charbon blanc et le pigment des falaises. Que l'on irait volontiers interroger les Grandes à propos des premiers frimas, et que l'on rêverait de marcher pieds nus dans la neige sans en ressentir la brûlure. Oui, c'est dire que l'on aimerait vivre dans le monde inventé par Esmée Dubois, et qu'en publiant cette novella inclassable, on offre à nos lecteurs et à nos lectrices la chance de l'arpenter à leur tour, et à leur propre rythme.