Dans les coulisses - Les Jardins du Feu et du Vide

Textes des triangles :

Page 28 :

« Moi, Zekrom Dniss, irai donc après mes centaines de prédécesseurs, de ma théorie personnelle — nourrie, excusez du peu, de trente-huit mois de mesures sur les lieux et mûrie par la plus fine équipe de Déchiffreurs de l’histoire de l’Ordre. L’Ico ne peut être qu’un générateur de gravitons doublé d’un moteur à matière noire (anti-gravitons). Sa forme icosaédrique détermine des architectures intérieures en carrés imbriqués qui, selon les théorèmes des Schandirr, organisent une vibration particulière de l’espace-temps. Une sorte de ruban de Moëbius qui permet un déplacement de l’intégralité de la structure sur de grandes distances spatiales et temporelles. Les calculs suivent, bien sûr, mais l’essentiel peut-être résumé dans ces simples mots : le monde des Ingénieurs de l’Ico pourrait se trouver partout, absolument partout, le long de la trame de notre univers. Peut-être même, qui sait, dans notre futur, à nous autres homo sapiens sapiens ? »

Cahiers gravés de Dniss - extrait 1

 Page 50 :

« Ainsi, non seulement l’Ico a-t-il dû servir de miroir gravitationnel — oui, de miroir, comme nos ancêtres l’ont fait aux temps héroïques pour se rendre sur Espækara et Alpha de l’Aigle — oui, parfaitement ! Mais enfin, laissez-moi parler. Je… j’ai eu la politesse de vous laisser exposer vos th… Je vous prie de m’écouter ! Des preuves ? Je vais vous en donner des preuves. Et aussi de l’Inversion ! Parce que non seulement les bâtisseurs de l’Ico ont maîtrisé la gravité, mais aussi son opposé, l’anti-temps, j’ai nommé… la Matière noire. Quoi ? Vous partez ? Vous quittez la pièce ? Eh bien, libre à vous… »

Enregistrement de la Seconde Assemblée des Déchiffreurs, Xabell IV et flotte libre

Page 60 :

« On a beaucoup glosé sur les tunnels, mais ils n’ont, selon mon équipe, qu’une fonction d’évacuation des excès énergétiques, avec des décalages volontaires d’intensité et de synchronicité dûs aux formes aléatoires des galeries, destinés à décaler les geysers les uns par rapport aux autres et éviter un éclatement de la structure.»

Page 82 :

« Indubitablement, le feuilleté des couches carbones signale l’artificialité de la construction, et une volonté sinon consciente, du moins organisée et organique. Il ne peut y avoir de doute : ni pure machine, ni pur animal ne peut avoir créé cette structure, mais quelque chose entre les deux ; quelque chose doté du génie de la conscience. »

Mémoire de thèse, Arkklem Seff Adü, Université des Déchiffreurs II, A88J5/TR§65-OXsU9

Page 90 :

« Car, dans le fond, la méditation sur l’Univers est une transmission. Qu’aurait d’importance un vieil homme glosant sur le grandiose spectacle, s’il n’avait quelque oreille à portée, qui entende ce qu’il a glané au fil de rêveries et des recherches d’une vie ? L’Ico est un témoignage. Un vibrant appel au souvenir et au rappel que tout, en définitive, est mystère. »

Pages 96 et 97 :

« S’sn-ong ! Loeï lüur ! Ainsi comme nos ancêtres l’ont voulu, nous attaquâmes l’Odregan par le feu et nos alliages les plus durs. Mais rien n’y fit… la Bête — le Fléau d’Ürkha trois fois maudit ! — était terrée dans un champ d’énergie de quelque sorte, qui garantissait l’inviolabilité de son Abomination. Loeï-ong ! S’sn Lüur ! Maudite soit notre faiblesse ! Que n’avions-nous disposé d’atomiques. À coup sûr, cela eut suffi ! »

Expédition dite des Survivants d’Ürkha

Page 101 :

« Échec. C’est le cœur serré que je trace ces mots. Mais l’énigme d’Odregan est restée presque entière — C’est à peine si nous avons effleuré la surface — Littéralement. Nos vies se sont écoulées comme de l’eau autour de ce roc, et n’ont pas eu la moindre incidence sur Lui. Tous nos espoirs, nos colères et nos raisonnements se sont heurtés, et se heurteront toujours il semblerait, sur cet immuable, sur ce que l’Univers semble avoir produit de plus indifférent. Odregan, lui, restera — Nous repartons, et d’autre viendront. Et ils repartiront à leur tour. Et Odregan restera. »

Expédition de Zekrom Dniss

Page 108 :

« On peut, dès lors, voir les tunnels comme des pailles géantes destinées à aspirer les nourritures intérieures — après tout, on ne sait aucunement si ces voies plongent jusqu’au soi-disant Grand Vide. Chaque vaisseau — ou chaque animal-vaisseau dans notre idée — pourrait ainsi se ravitailler en choisissant ses nourritures, ses carburants et ses comburants stockés avec au cœur même de l’Ico… »

Page 112 :

« Certains m’ont dit aujourd’hui que, au final, le travail que je faisais sur ces statues, ces copies de Big-O, était infiniment plus signifiant que tout ce qu’eux pourraient faire. Que toute leur science, tous leurs efforts n’étaient que des pas de fourmis sur une montagne. Mais que moi, l’artiste, le copieur servile de la nature, je toucherai bien davantage de monde, et de vérités, qu’ils ne le feraient jamais. Pourtant l’art est gratuité, et il ne saurait changer la civilisation qui l’a enfantée. »

Statue de Sidhin. Première vague de compilateurs.

Page 122 :

« L’Ico ne peut être, selon nous, que la ruine d’un relais de communication. Une planète gazeuse se trouvait au centre, emplissant l’espace vide. Planète qui, selon nos calculs, s’est épuisée par évaporation et ponction il y a environ 3,2 millions d’années aA (avant Azden). Jusqu’à cet événement, qui aurait amené les constructeurs de l’Ico ou leurs héritiers à l’abandon de la structure, le construct a projeté des particules à haute vélocité à travers des tunnels de Wheeler-Misner générés via les millions de trous percés à travers sa surface. Ainsi, par paquets d’information, un véritable réseau centralisé pouvait être mis en place dans — et à partir de — l’Ico. »

Sefar Delim & Azk Azk Rahn, communication au vingt-septième Congrès des Paradoxes.

Page 126 :

« (…) tunnels pour le stockage et la distribution des fluides, dans lequel une forme d’esthétique restait sans cesse à l’esprit des concepteurs de l’Ico : jets, tourbillons et fontaines d’oxygène, de particules et de rayons énergisés, vomis dans mille, cent-mille séquences dont tout, aujourd’hui, nous échappe, le tout renforcé par la capacité magnétique insuffisamment expliquée des tunnels. »

Page 130 :

«  Par les huit nébuleuses ! Ce n'est pas une statue d'Odregan. C'est Odregan lui-même !  »